En cours d’élaboration
En allant vers Mauléon à 1 km du bourg de Moulins, une statue de la Vierge domine la vallée de l’Ouin. Cet endroit se nomme La Corbelière et fait partie de l’histoire religieuse de Moulins.
La Corbelière par le curé Gabilly
Au nord-est du département des Deux-Sèvres, dans le pays de l’ancienne Vendée militaire, sur ta route qui conduit de Châtillon-sur-sèvre à Moulins se trouve une modeste chapelle, comptant à peine 2 mètres d’élévation et connue des habitants de la contrée sous le nom de chapelle de la Corbelière. C’est un édifice à l’architecture très primaire, formant une grotte qui est établie sur un massif de maçonnerie et abritée quatre murailles tapissées de lierre à l’extérieur. Sur la façade, une croix (1) placée au sommet indique la destination religieuse du monument; un châssis à grillage, avec barreaux de fer solidement rivés dans le chêne, laisse voir à l’intérieure la statue et le trône de la Madone. Ce châssis garde la seule ouverture donnant accès à la chapelle; il s’ouvre à certains jours pour le renouvellement des fleurs et des décorations.
L’humble édifice est bâti à l’angle d’une prairie assez vaste qui s’étage en colline, avec un escarpement au milieu, jusqu’à un sommet où jaillit dans le roc une fontaine miraculeuse dont l’eau vive a souvent rendu la santé aux malades. Autour de cette source bienfaisante, les anciens avaient élevé avec de gros cailloux blancs une sorte de rotonde très irrégulière, finissant en demi-dôme, qui la protégeait contre les feuilles des arbres et l’envahissement des buissons voisins. – L’histoire de cette fontaine et celle de la chapelle qui est distante d’une centaine de mètres se confondent dans une même origine, toute merveilleuse. La tradition unanime du pays rapporte que la chapelle et la fontaine de la Corbelière, malgré la simplicité rustique de leurs constructions sont les témoins authentiques d’un fait ancien et de main divine
Dans les années qui suivirent la mort violente d’Henri IV, un jeune pâtre, nommé René Moreau, en gardant les troupeaux de son père qui habitait le village voisin de la Chaponière, s’étant mis à creuser la terre pour les amusements de son âge, avait découvert une humble statuette de la Vierge. Sa joie fut grande et son empressement tel qu’il rejoignit aussitôt la maison paternelle, afin d’y faire contempler son trésor par ses religieux parents. Le soir la famille entière se réunit devant la statuette bénie pour la prière accoutumée. Quand eut sonné l’heure du sommeil, la précieuse Madone fut enfermée sous clef à l’endroit le plus honorable de la maison. Le lendemain au lever de l’aurore, l’enfant et la mère vinrent pour la revoir; mais hélas ! Déjà elle avait disparu, et toutes les recherches dans la demeure restèrent infructueuses. Le soir de ce jour étant retourné dans la prairie de la Corbelière, le pieux enfant mis à nu, une seconde fois, des entrailles même de la terre creusée de ses mains enfantines la ravissante statuette de la Madone, à peu près au même point du sol que le jour précédent, dans le lieu même, selon toute probabilité, où jaillit maintenant la fontaine miraculeuse.
Les parents du jeune René, en revoyant le précieux trésor, estimèrent que la Saine Vierge voulait être vénérée tout particulièrement dans cet endroit; ils résolurent dès lors d’élever à sa gloire une modeste chapelle, sue le bord du grand chemin à Centrée de la prairie. C’était le temps où les calvinistes déployaient leur rage satanique contre l’auguste Mère de Dieu, ce qui lui attirait de la part des vrais chrétiens, par une juste compensation, un surcroît d’amour et d’honneur.
L’histoire n’offre rien de précis touchant l’érection de Notre-Dame de La Corbelière et les premières manifestations de la piété autour de la fontaine bénie. L’enfant René Moreau quitta de bonne heure la pays natal pour se rendre à Fontenay-le-Comte; il entra dans la cléricature, devint bachelier en Sorbonne, fut honoré des plus hautes fonctions ecclésiastiques et mourut en odeur de sainteté, l’an 1671 curé archiprêtre de Notre-Dame de Fontenay et vicaire général de la Rochelle. Il était né au village de la Chaponnière le 16 septembre 1605, dans le même siècle que le Bienheureux Grignon de Montfort qui devait avoir son tombeau à quelques lieues seulement du berceau de René Moreau.
L’historien qui rédigea la Vie de M Moreau publiée à Paris avec l’approbation royale datée du 30 juin 1718, mit tous ses soins à raconter le zèle de son héros dans une longue carrière sacerdotale; il reste muet sur le touchant épisode de la Corbelière dont seule la tradition locale a conservé le souvenir; mais il se plait à constater que les parents du jeune René l’envoyèrent dès l’âge de quatre ans à une école du bourg de Moulins, sa paroisse, qui faisait alors partie du diocèse de la Rochelle. Enfin vers 1612 continue l’auteur émerveillé des vertus de l’enfant: « On s’aperçut que René qui n’avait pas encore 7 ans, connaissait assez «Dieu pour l’aimer, le craindre, et l’adorer, au point qu’il se retirait tous les jours à l’écart pour prier tandis «que ses camarades des villages voisins, s’arrêtaient pour jouer au sortir de l’école. Quoique que tous les «lieux lui parussent propres à la prière, il en était un pourtant qu’il préférait aux autres, et où il priait avec «plus de goût et plus longtemps. C’était au pied d’une Croix, placée sur le chemin de Moulins à son village. «Là, on le surprit bien des fois et assez tard dans l’attitude d’un homme déjà tout intérieur, que rien ne «distrait en ces moments; dans l’attitude d’un suppliant, qui expose avec humilité ses besoins, qui sait «quelle est la bonté de celui qu’il implore.»
Voilà le récit textuel de l’historien de M. Moreau. C’est vraisemblablement à cette même époque que le pieux enfant, ainsi attentif à la prière, fut favorisé de l’heureuse découverte racontée plus haut. Parmi les sanctuaires qui font la gloire de la chrétienté, beaucoup trouvent leur origine à des découvertes de ce genre, comme en fait foi le « Mois de Marie des Pèlerinages ». Tantôt c’est un enfant, tantôt un homme mûr, un vieillard, quelquefois un animal domestique, – comme à Notre-Dame de Buglôse, 52) – dont Dieu se sert pour révéler la présence d’une statue ou d’une image sainte, et manifester son désir de la voir vénérer en des lieux jusque-là solitaire.
A la Corbelière, Dieu se servit d’un enfant qui n’avait pas encore atteint sa dixième année, puisque René Moreau fut emmené à Fontenay dès l’âge de 10 ans, pour y terminer ses études de grammaire et s’initier à l’art des lettres. – La croix au pied de laquelle il aimait tant prier, est encore debout aujourd’hui. C’est la plus ancienne croix dont il soit fait mention dans l’histoire locale; elle est placée à un kilomètre de Moulins, au quart de la route qui se dirige vers Châtillon, et au détour du chemin qui mène à la Chaponnière, village situé à quelques pas seulement. La chapelle de la Corbelière est à 350 mètres plus loin dans la direction de Moulins; elle a été restaurée dans la première moitié de ce siècle.
Qu’est devenue la statue antique, objet de la précieuse découverte? A-t-elle été honorée, jusqu’à la révolution dans la chapelle de la Corbelière? A-t-elle été cachée dans cette période ensanglantée par une pieuse personne que la mort serait venue surprendre ? Ou bien les bleus qui ont maintes fois sillonné la route de Châtillon à Cholet, ont-ils dans le pillage de la chapelle, fait disparaître la Madone miraculeuse ? Autant de question sur lesquelles il semble impossible de s’éclairer: c’est le secret de Dieu.
Il reste néanmoins certain que le culte s’est perpétué là sans une interruption notable. Les paysans vendéen, avant de partir pour la « grande guerre », allait prier la Madone et boire à la fontaine de la Corbelière. Pendant qu’ils luttaient contre les soldats de la Révolution, les enfants, les femmes et les vieillards venaient gagner pour eux les grâces du pèlerinage. Au moment de l’invasion allemande de 1870, des groupes de pèlerins y vinrent souvent prier: quelques paroisses voisines y envoyèrent leurs pieux fidèles; mais ce sont surtout les pèlerins isolés qui aimait à s’y diriger. Les religieuses stations du cimetière des Martyrs, dans la forêt de Vezins, et du tombeau du Bienheureux de Montfort à Saint-Laurent-sur-Sèvre sont devenues, pour la contrée entière le seul théâtre des manifestations publiques de la piété populaire, ici, à cause du souvenir du grand missionnaire qui a évangélisé ce pays, et là en l’honneur de ceux qui versèrent leur sang pour la cause sacrée des autels.
A la Corbelière, on vient isolément d’ordinaire. Une fois seulement chaque année, les fidèles de Moulins s’y transportent en foule pour une sorte de réjouissance populaire: ce doit-être le souvenir d’une fête ancienne qui se célébrait en ce lieu à pareil jour, le lundi de Pâques, peut-être même l’anniversaire de l’invention de la merveilleuse statue. Cette population, qui est profondément chrétienne, a gardé un religieux souvenir de René Moreau; sa mémoire y est vénérée, son portrait est précieusement conservé, comme relique de famille, dans un grand nombre de maison.
C’est plus particulièrement la guérison des malades que l’on sollicite à la Corbelière. Pour le plus léger malaise chez l’un des membres de la parenté, pour un malheur qui
s’annonce, dans le cas surtout d’une maladie grave, on promet selon le mot du pays, un voyage, deux voyages, une neuvaine de voyages, c’est-à-dire autant de pèlerinage à Notre- Dame de la Corbelière. On s’empresse d’aller puiser à la fontaine dont l’eau bienfaisante devient le premier remède pour le malade et entrera pour une large part dans toute la médication, en attendant que le malade reprenne assez de forces pour se rendre lui-même à la miraculeuse piscine.
La Corbelière est connue des habitants de toute la contrée qui y viennent, de toutes les paroisses voisines, prier et puiser de l’eau pour leurs malades. Il n’est pas rare de voir un voyageur, en vêtement de fête, s’agenouiller devant la chapelle, prier longuement, monter puiser à la fontaine et repartir aussitôt par le même chemin qui l’a amené. De régions assez lointaines, de Nantes, de Poitiers, et de Niort, on a fait demander de l’eau de la Corbelière dont la vertu a été expérimentée par de nombreux croyants. Il est de notoriété publique dans le pays que jamais, depuis qu’elle a jailli, presque à fleur de terre, sous les doigts d’un enfant, cette eau n’a causé le moindre malaise. Le voyageur, accablé par la chaleur et la fatigue, de même que l’enfant, rendu tout haletant par une course folle, en boit impunément et pour son plus grand bien-être.
A. 6ABILLY, prêtre p. 597 à 600 – La Semaine Religieuse du diocèse de Poitiers – n° 38 – Dimanche 23 septembre 1894
1) Croix conservée au musée du Brahm
2) A Buglose dans les Landes. En 1570, une statue de la Vierge échappe miraculeusement à la fureur des huguenots. Pour la sauver, elle est dissimulée, dans un marais voisin. D’après la tradition, en 1620 un berger, aperçoit qu’un des boeufs qu’il gardait, léchait obstinément une sorte de masse enfoncée dans la vase, il découvrit la statue dissimulée au siècle précédent.
L’humble édifice est bâti à l’angle d’une prairie assez vaste qui s’étage en colline, avec un escarpement au milieu, jusqu’à un sommet où jaillit dans le roc une fontaine miraculeuse dont l’eau vive a souvent rendu la santé aux malades. Autour de cette source bienfaisante, les anciens avaient élevé avec de gros cailloux blancs une sorte de rotonde très irrégulière, finissant en demi-dôme, qui la protégeait contre les feuilles des arbres et l’envahissement des buissons voisins. – L’histoire de cette fontaine et celle de la chapelle qui est distante d’une centaine de mètres se confondent dans une même origine, toute merveilleuse. La tradition unanime du pays rapporte que la chapelle et la fontaine de la Corbelière, malgré la simplicité rustique de leurs constructions sont les témoins authentiques d’un fait ancien et de main divine
Dans les années qui suivirent la mort violente d’Henri IV, un jeune pâtre, nommé René Moreau, en gardant les troupeaux de son père qui habitait le village voisin de la Chaponière, s’étant mis à creuser la terre pour les amusements de son âge, avait découvert une humble statuette de la Vierge. Sa joie fut grande et son empressement tel qu’il rejoignit aussitôt la maison paternelle, afin d’y faire contempler son trésor par ses religieux parents. Le soir la famille entière se réunit devant la statuette bénie pour la prière accoutumée. Quand eut sonné l’heure du sommeil, la précieuse Madone fut enfermée sous clef à l’endroit le plus honorable de la maison. Le lendemain au lever de l’aurore, l’enfant et la mère vinrent pour la revoir; mais hélas ! Déjà elle avait disparu, et toutes les recherches dans la demeure restèrent infructueuses. Le soir de ce jour étant retourné dans la prairie de la Corbelière, le pieux enfant mis à nu, une seconde fois, des entrailles même de la terre creusée de ses mains enfantines la ravissante statuette de la Madone, à peu près au même point du sol que le jour précédent, dans le lieu même, selon toute probabilité, où jaillit maintenant la fontaine miraculeuse.
Les parents du jeune René, en revoyant le précieux trésor, estimèrent que la Saine Vierge voulait être vénérée tout particulièrement dans cet endroit; ils résolurent dès lors d’élever à sa gloire une modeste chapelle, sue le bord du grand chemin à Centrée de la prairie. C’était le temps où les calvinistes déployaient leur rage satanique contre l’auguste Mère de Dieu, ce qui lui attirait de la part des vrais chrétiens, par une juste compensation, un surcroît d’amour et d’honneur.
L’histoire n’offre rien de précis touchant l’érection de Notre-Dame de La Corbelière et les premières manifestations de la piété autour de la fontaine bénie. L’enfant René Moreau quitta de bonne heure la pays natal pour se rendre à Fontenay-le-Comte; il entra dans la cléricature, devint bachelier en Sorbonne, fut honoré des plus hautes fonctions ecclésiastiques et mourut en odeur de sainteté, l’an 1671 curé archiprêtre de Notre-Dame de Fontenay et vicaire général de la Rochelle. Il était né au village de la Chaponnière le 16 septembre 1605, dans le même siècle que le Bienheureux Grignon de Montfort qui devait avoir son tombeau à quelques lieues seulement du berceau de René Moreau.
L’historien qui rédigea la Vie de M Moreau publiée à Paris avec l’approbation royale datée du 30 juin 1718, mit tous ses soins à raconter le zèle de son héros dans une longue carrière sacerdotale; il reste muet sur le touchant épisode de la Corbelière dont seule la tradition locale a conservé le souvenir; mais il se plait à constater que les parents du jeune René l’envoyèrent dès l’âge de quatre ans à une école du bourg de Moulins, sa paroisse, qui faisait alors partie du diocèse de la Rochelle. Enfin vers 1612 continue l’auteur émerveillé des vertus de l’enfant: « On s’aperçut que René qui n’avait pas encore 7 ans, connaissait assez «Dieu pour l’aimer, le craindre, et l’adorer, au point qu’il se retirait tous les jours à l’écart pour prier tandis «que ses camarades des villages voisins, s’arrêtaient pour jouer au sortir de l’école. Quoique que tous les «lieux lui parussent propres à la prière, il en était un pourtant qu’il préférait aux autres, et où il priait avec «plus de goût et plus longtemps. C’était au pied d’une Croix, placée sur le chemin de Moulins à son village. «Là, on le surprit bien des fois et assez tard dans l’attitude d’un homme déjà tout intérieur, que rien ne «distrait en ces moments; dans l’attitude d’un suppliant, qui expose avec humilité ses besoins, qui sait «quelle est la bonté de celui qu’il implore.»
Voilà le récit textuel de l’historien de M. Moreau. C’est vraisemblablement à cette même époque que le pieux enfant, ainsi attentif à la prière, fut favorisé de l’heureuse découverte racontée plus haut. Parmi les sanctuaires qui font la gloire de la chrétienté, beaucoup trouvent leur origine à des découvertes de ce genre, comme en fait foi le « Mois de Marie des Pèlerinages ». Tantôt c’est un enfant, tantôt un homme mûr, un vieillard, quelquefois un animal domestique, – comme à Notre-Dame de Buglôse, 52) – dont Dieu se sert pour révéler la présence d’une statue ou d’une image sainte, et manifester son désir de la voir vénérer en des lieux jusque-là solitaire.
A la Corbelière, Dieu se servit d’un enfant qui n’avait pas encore atteint sa dixième année, puisque René Moreau fut emmené à Fontenay dès l’âge de 10 ans, pour y terminer ses études de grammaire et s’initier à l’art des lettres. – La croix au pied de laquelle il aimait tant prier, est encore debout aujourd’hui. C’est la plus ancienne croix dont il soit fait mention dans l’histoire locale; elle est placée à un kilomètre de Moulins, au quart de la route qui se dirige vers Châtillon, et au détour du chemin qui mène à la Chaponnière, village situé à quelques pas seulement. La chapelle de la Corbelière est à 350 mètres plus loin dans la direction de Moulins; elle a été restaurée dans la première moitié de ce siècle.
Qu’est devenue la statue antique, objet de la précieuse découverte? A-t-elle été honorée, jusqu’à la révolution dans la chapelle de la Corbelière? A-t-elle été cachée dans cette période ensanglantée par une pieuse personne que la mort serait venue surprendre ? Ou bien les bleus qui ont maintes fois sillonné la route de Châtillon à Cholet, ont-ils dans le pillage de la chapelle, fait disparaître la Madone miraculeuse ? Autant de question sur lesquelles il semble impossible de s’éclairer: c’est le secret de Dieu.
Il reste néanmoins certain que le culte s’est perpétué là sans une interruption notable. Les paysans vendéen, avant de partir pour la « grande guerre », allait prier la Madone et boire à la fontaine de la Corbelière. Pendant qu’ils luttaient contre les soldats de la Révolution, les enfants, les femmes et les vieillards venaient gagner pour eux les grâces du pèlerinage. Au moment de l’invasion allemande de 1870, des groupes de pèlerins y vinrent souvent prier: quelques paroisses voisines y envoyèrent leurs pieux fidèles; mais ce sont surtout les pèlerins isolés qui aimait à s’y diriger. Les religieuses stations du cimetière des Martyrs, dans la forêt de Vezins, et du tombeau du Bienheureux de Montfort à Saint-Laurent-sur-Sèvre sont devenues, pour la contrée entière le seul théâtre des manifestations publiques de la piété populaire, ici, à cause du souvenir du grand missionnaire qui a évangélisé ce pays, et là en l’honneur de ceux qui versèrent leur sang pour la cause sacrée des autels.
A la Corbelière, on vient isolément d’ordinaire. Une fois seulement chaque année, les fidèles de Moulins s’y transportent en foule pour une sorte de réjouissance populaire: ce doit-être le souvenir d’une fête ancienne qui se célébrait en ce lieu à pareil jour, le lundi de Pâques, peut-être même l’anniversaire de l’invention de la merveilleuse statue. Cette population, qui est profondément chrétienne, a gardé un religieux souvenir de René Moreau; sa mémoire y est vénérée, son portrait est précieusement conservé, comme relique de famille, dans un grand nombre de maison.
C’est plus particulièrement la guérison des malades que l’on sollicite à la Corbelière. Pour le plus léger malaise chez l’un des membres de la parenté, pour un malheur qui
s’annonce, dans le cas surtout d’une maladie grave, on promet selon le mot du pays, un voyage, deux voyages, une neuvaine de voyages, c’est-à-dire autant de pèlerinage à Notre- Dame de la Corbelière. On s’empresse d’aller puiser à la fontaine dont l’eau bienfaisante devient le premier remède pour le malade et entrera pour une large part dans toute la médication, en attendant que le malade reprenne assez de forces pour se rendre lui-même à la miraculeuse piscine.
La Corbelière est connue des habitants de toute la contrée qui y viennent, de toutes les paroisses voisines, prier et puiser de l’eau pour leurs malades. Il n’est pas rare de voir un voyageur, en vêtement de fête, s’agenouiller devant la chapelle, prier longuement, monter puiser à la fontaine et repartir aussitôt par le même chemin qui l’a amené. De régions assez lointaines, de Nantes, de Poitiers, et de Niort, on a fait demander de l’eau de la Corbelière dont la vertu a été expérimentée par de nombreux croyants. Il est de notoriété publique dans le pays que jamais, depuis qu’elle a jailli, presque à fleur de terre, sous les doigts d’un enfant, cette eau n’a causé le moindre malaise. Le voyageur, accablé par la chaleur et la fatigue, de même que l’enfant, rendu tout haletant par une course folle, en boit impunément et pour son plus grand bien-être.
A. 6ABILLY, prêtre p. 597 à 600 – La Semaine Religieuse du diocèse de Poitiers – n° 38 – Dimanche 23 septembre 1894
1) Croix conservée au musée du Brahm
2) A Buglose dans les Landes. En 1570, une statue de la Vierge échappe miraculeusement à la fureur des huguenots. Pour la sauver, elle est dissimulée, dans un marais voisin. D’après la tradition, en 1620 un berger, aperçoit qu’un des boeufs qu’il gardait, léchait obstinément une sorte de masse enfoncée dans la vase, il découvrit la statue dissimulée au siècle précédent.
La Corbelière par le curé Pelletier
La Corbelière
Sur le territoire de Moulins se trouvent quelques chapelles. En bas du coteau de la Corbelière, sur la route de Moulins à Chatillon, se trouve la chapelle la plus ancienne, appelée Notre-Dame de l’Arceau ou bien de la Corbelière (1). Son origine est très lointaine, elle a dû être bâtie vers 1614, pour recevoir, dit la tradition, la statue trouvée en creusant à l’endroit où un bœuf fouillait toujours le sol de son sabot. Cette vénérable relique fut brisée par les soldats de la Révolution et remplacée plusieurs fois par des statues de N.D. de Lourdes. Celle qui orne actuellement cette chapelle y fut installée solennellement le 18 octobre 1925, après une très belle fête qui eut sa clôture aux pieds de la Vierge qui domine la colline.
Puisque la même dévotion unit la chapelle située au bord de la route et la statue monumentale placée sur le coteau pour représenter la Vierge de Lourdes, puisque c’est le même berger qui fut cause de toutes ces démonstrations extérieures de foi, je vais sous cette rubrique, détaillée un peu l’origine de ce lieu de piété. Voici ce que la tradition moulinaise rapporte, et j’avoue que je n’ai pas eu confirmation de tous ces détails en lisant la vie de M. l’abbé Moreau, archiprêtre de Fontenay le Comte.
Un jeune berger, du nom de René Moreau, né à la ferme de la Grande Chaponnière, en l’année 1605, le 16 septembre, faisait paître en 1914, son troupeau dans le pré, dit de la Corbelière au cadastre du pays. L’été était très sec, l’herbe rare. Tous les autres animaux se rassemblaient ordinairement en bas du champ, plus frais, seul un bœuf s’entêtait à rester tout en haut, ne prenait pas la peine de paître et pourtant ne dépérissait pas. Toujours à la même place, de son sabot il fouillait le sol. Le jeune berger très intrigué se mit à son tour à creuser la terre sous l’œil débonnaire de l’animal et à la profondeur de 60cm eut l’agréable surprise de découvrir une petite statue bien conservée. C’est à cette date sans doute que fut entreprise par la famille Moreau, la construction de la première chapelle, à la même place que celle d’aujourd’hui sur le bord de ce qui n’était alors qu’un sentier de circulation.
L’histoire nous dit aussi que le berger, René Moreau, voyant encore le bœuf revenir au même endroit, et espérant trouver autre chose, continua à creuser et eut la joie de voir sourdre un petit filet d’eau qui devint rapidement la Fontaine de la Corbelière. J’ignore à quelle date fut bâti le dôme de la fontaine, mais on sait que le piédestal sur lequel est installé la statue de la Vierge, remonte à la date récente de 1885, lorsque M. de La Guêpière, propriétaire de la Chaponnière, fit don de la statue à la paroisse, sur la demande de Mr l’abbé Ayrault. De grande taille, en fonte, la Vierge garda sa teinte grisâtre jusqu’en 1906. C’est M. le Curé Biteau, qui la fit peindre aux couleurs de celle de Lourdes, en septembre 1906. Et depuis ce temps, la dévotion à Notre-Dame de la Corbelière, n’a fait que s’accroître, parmi les habitants de Moulins et des environs. L’eau de la fontaine placée derrière la statue est en grande estime dans nos populations. De loin on y vient puiser, et les ex-voto, attestent que la Vierge de la Corbelière, récompense la foi de ses visiteurs.
Le filet d’eau qui alimente la fontaine de la Corbelière, vient du réservoir des Rochers de Pyrôme. S’il baisse en été dans les rudes sécheresses, la tradition rapporte que, jamais il n’a tari pour refuser aux gens sa faveur. J’ai essayé en 1929, de faire une captation d’eau pour établir un robinet, plus commode que le vieux puisage à la main, et plus propre qu’une ouverture où tombait feuilles et déchets, mais tous les essais furent inutiles, le sous-sol en chape, comme on dit ici, ou terre de sable, étant absolument réfractaire à tout emmagasinage d’eau, j ‘ai alors laissé la nature faire son œuvre, et me suis contenté de nettoyer, de fermer, de consolider et ai fait placer, en 1932, une pompe qui apporte aux pèlerins de l’eau en toute abondance et garantie de propreté. (Voir plus loin notice sur les travaux de 1938.) Monseigneur l’Evêque de Poitiers, accorda en 1907, des indulgences de 50 jours à la dévote récitation de : « 3 Ave Maria et de l’invocation : O Marie, conçue sans péché etc. « .
Th. PELLETIER Archives paroissiales
1) J’ai entendu dire qu’au-dessus de la petite ouverture de la Chapelle étaient écrits ces deux vers : (aujourd’hui disparus).
Si l’amour de Marie en ton cœur est gravé ,
arrête ici passant, et lui dit un Ave « .
Sur le territoire de Moulins se trouvent quelques chapelles. En bas du coteau de la Corbelière, sur la route de Moulins à Chatillon, se trouve la chapelle la plus ancienne, appelée Notre-Dame de l’Arceau ou bien de la Corbelière (1). Son origine est très lointaine, elle a dû être bâtie vers 1614, pour recevoir, dit la tradition, la statue trouvée en creusant à l’endroit où un bœuf fouillait toujours le sol de son sabot. Cette vénérable relique fut brisée par les soldats de la Révolution et remplacée plusieurs fois par des statues de N.D. de Lourdes. Celle qui orne actuellement cette chapelle y fut installée solennellement le 18 octobre 1925, après une très belle fête qui eut sa clôture aux pieds de la Vierge qui domine la colline.
Puisque la même dévotion unit la chapelle située au bord de la route et la statue monumentale placée sur le coteau pour représenter la Vierge de Lourdes, puisque c’est le même berger qui fut cause de toutes ces démonstrations extérieures de foi, je vais sous cette rubrique, détaillée un peu l’origine de ce lieu de piété. Voici ce que la tradition moulinaise rapporte, et j’avoue que je n’ai pas eu confirmation de tous ces détails en lisant la vie de M. l’abbé Moreau, archiprêtre de Fontenay le Comte.
Un jeune berger, du nom de René Moreau, né à la ferme de la Grande Chaponnière, en l’année 1605, le 16 septembre, faisait paître en 1914, son troupeau dans le pré, dit de la Corbelière au cadastre du pays. L’été était très sec, l’herbe rare. Tous les autres animaux se rassemblaient ordinairement en bas du champ, plus frais, seul un bœuf s’entêtait à rester tout en haut, ne prenait pas la peine de paître et pourtant ne dépérissait pas. Toujours à la même place, de son sabot il fouillait le sol. Le jeune berger très intrigué se mit à son tour à creuser la terre sous l’œil débonnaire de l’animal et à la profondeur de 60cm eut l’agréable surprise de découvrir une petite statue bien conservée. C’est à cette date sans doute que fut entreprise par la famille Moreau, la construction de la première chapelle, à la même place que celle d’aujourd’hui sur le bord de ce qui n’était alors qu’un sentier de circulation.
L’histoire nous dit aussi que le berger, René Moreau, voyant encore le bœuf revenir au même endroit, et espérant trouver autre chose, continua à creuser et eut la joie de voir sourdre un petit filet d’eau qui devint rapidement la Fontaine de la Corbelière. J’ignore à quelle date fut bâti le dôme de la fontaine, mais on sait que le piédestal sur lequel est installé la statue de la Vierge, remonte à la date récente de 1885, lorsque M. de La Guêpière, propriétaire de la Chaponnière, fit don de la statue à la paroisse, sur la demande de Mr l’abbé Ayrault. De grande taille, en fonte, la Vierge garda sa teinte grisâtre jusqu’en 1906. C’est M. le Curé Biteau, qui la fit peindre aux couleurs de celle de Lourdes, en septembre 1906. Et depuis ce temps, la dévotion à Notre-Dame de la Corbelière, n’a fait que s’accroître, parmi les habitants de Moulins et des environs. L’eau de la fontaine placée derrière la statue est en grande estime dans nos populations. De loin on y vient puiser, et les ex-voto, attestent que la Vierge de la Corbelière, récompense la foi de ses visiteurs.
Le filet d’eau qui alimente la fontaine de la Corbelière, vient du réservoir des Rochers de Pyrôme. S’il baisse en été dans les rudes sécheresses, la tradition rapporte que, jamais il n’a tari pour refuser aux gens sa faveur. J’ai essayé en 1929, de faire une captation d’eau pour établir un robinet, plus commode que le vieux puisage à la main, et plus propre qu’une ouverture où tombait feuilles et déchets, mais tous les essais furent inutiles, le sous-sol en chape, comme on dit ici, ou terre de sable, étant absolument réfractaire à tout emmagasinage d’eau, j ‘ai alors laissé la nature faire son œuvre, et me suis contenté de nettoyer, de fermer, de consolider et ai fait placer, en 1932, une pompe qui apporte aux pèlerins de l’eau en toute abondance et garantie de propreté. (Voir plus loin notice sur les travaux de 1938.) Monseigneur l’Evêque de Poitiers, accorda en 1907, des indulgences de 50 jours à la dévote récitation de : « 3 Ave Maria et de l’invocation : O Marie, conçue sans péché etc. « .
Th. PELLETIER Archives paroissiales
1) J’ai entendu dire qu’au-dessus de la petite ouverture de la Chapelle étaient écrits ces deux vers : (aujourd’hui disparus).
Si l’amour de Marie en ton cœur est gravé ,
arrête ici passant, et lui dit un Ave « .
N-D de la Corbelière -Travaux éffectués - Curé Pelletier
Notre-Dame de la Corbelière – Travaux effectués
Depuis que Mr l’abbé Moreau a trouvé, dans les circonstances expliquées plus haut, la statue de la Vierge et la source quasi miraculeuse, le coteau de la Corbelière a connu de nombreux visiteurs. Il avait un cachet plutôt broussailleux, irrégulier, bourbeux et un accès malpropre et raide. L’eau de la fontaine ne coulait que pendant la saison d’hiver, après les fortes pluies et l’été on ne pouvait s’en procurer que par une pompe que j ‘avais fait installer en 1932, après que l’eau eut baissée tellement, que l’on crut que la source avait pris une autre direction.
Les gens de bonne mémoire m’ont affirmé, que l’eau avait cessé de couler en surface depuis 1920, excepté pendant l’hiver où la poussée du courant faisait monter la réserve jusqu’au bord de la bâtisse, A cette date, il n’était guère question de la baguette de sourcier, et je n’avais pas encore commencé à vérifier que j’étais sensible à l’émanation des ondes. Cependant je m’inquiétais de la raréfaction de l’eau à la Corbelière et craignais pour l’avenir. C’est alors que l’idée me vint de chercher à utiliser la radiesthésie pour l’étude des courants d’eau au-dessus de la fontaine, des fuites autour du dôme, de la profondeur de ces infiltrations, et je conclus très modestement que la souche du gros sapin, planté tout près de la fontaine était une éponge qui s’égouttait en toutes directions et laissait perdre l’eau au lieu de l’amener au réservoir.
Par ailleurs, je constatai aussi avec le pendule qu’un courant secondaire se perdait sous le sapin de droite et d’où il ressortait qu’il y avait possibilité de remédier à cet état de chose désastreux, et d’emmagasiner trois courants pour alimenter la fontaine. J’avais aussi le désir d’aplanir le coteau, de défricher l’entourage, d’assécher le sous-sol, d’empierrer le chemin et d’en rendre la pente plus douce, de mettre près de la route une barrière convenable, bref, d’élargir et embellir ce lieu si fréquenté et si vénéré.
Le moment me semble propice de faire appel à la bonne volonté de tous les ouvriers, dès le début de novembre 1938 parce que les semailles étaient finies et le travail peu pressé, mais surtout parce que notre population chrétienne avait un devoir de reconnaissance envers la Vierge pour la préservation de la guerre imminente en septembre dernier. Sans douter, qu’un grand nombre d’hommes se feraient un plaisir d’offrir à la Vierge de la Corbelière une ou deux journées de travail, après les nombreuses prières et la manifestation splendide d’action de grâces de septembre, je ne pensais pas qu’il y aurait un tel enthousiasme de tous nos braves gens pour effectuer gratuitement une besogne très dure pendant quinze jours de suite.
Après un avis donné du haut de la chaire, j’organisai les équipes de 10 à 15 ouvriers par jour, en confiai la surveillance à Mr Constant Albert, fermier à la Braudière, ancien fermier de la Chaponnière, qui donna son temps, prêta son cheval et fut un très compétent contremaître pendant toute la quinzaine avec un absolu dévouement. On se mit d’abord à nettoyer, élargir les abords de la fontaine et du piédestal, on agrandit l’esplanade avec tous les matériaux de défrichement, on aplanit le monticule en faisant sauter au pic, à la barre, au burin les rochers qui rendaient si abrupte la montée et faisaient de l’entourage immédiat de la fontaine comme une espèce de cuvette. On transporta une grande partie des déchets, blocs, cailloux, terre dans l’allée d’entrée grâce à un système de traîneau, et l’épaisseur de l’empierrement atteignant à certains endroits soixante centimètres montre quel travail de géant nos ouvriers ont fourni, d’un cœur toujours content, sans relâche, sans rémunération, n’acceptant que quelques verres de vin et cigarettes.
Il fallut toute une semaine pour cette partie du projet, et si ce fut la plus dure, ce n’était pas la plus délicate et la plus risquée. Le point le plus inquiétant était de remédier aux fuites nombreuses de la source et de retenir en une même réserve l’eau dont on voulait l’écoulement au-dehors, avec une pression suffisante calculée d’après la profondeur du courant qui est à lm 30. Il fallut d’abord abattre le gros sapin qui avait toujours été par ses grosses et longues rames un obstacle à notre travail que nous voulions efficace. Puis une tranchée formant collier fut creusée à un mètre cinquante de profondeur sur Om 60 ou Om 50 de largeur, en demi-cercle de dix mètres de longueur dont chaque extrémité remontait plus haut que la fontaine, pour obliger l’eau à se tasser dans la cuve du réservoir.
En cette semaine du 13 au 18 novembre, après le travail colossal offert par les équipes de 15 à 20 ouvriers se relayant chaque jour pendant la semaine précédente, j’avais demandé un effort de générosité à tous les volontaires s’étant déjà dépensés et aux chômeurs. J’étais inquiet et ne voulais cependant pas laisser inachevée notre entreprise que des bonnes femmes taxaient d’imprudente et de frondeuse en face de la Vierge de la Corbelière, qui, disaient-elles aimaient l’ancienneté, la rusticité (pourquoi pas la malpropreté) de son site.
J’avais tort de douter des Moulinais, car pendant six jours encore il y eut un tel empressement que je fus presque obligé de les calmer. Pendant que les uns creusaient la tranchée, d’autres vidaient la fontaine et d’autres allaient extraire et transporter la terre glaise dont nous avions besoin, si bien qu’en peu de temps le pilonnage de quarante charretées de terre glaise s’opéra méthodiquement, minutieusement, de telle sorte que dès le samedi tous les terrassements étaient terminés, les canalisations prêtes, le recrépissage fini et qu’on faisait des vœux pour la réussite de l’entreprise.
La Vierge d’ailleurs, avait manifesté son approbation, sa protection d’une façon très visible qui avait impressionné toute la paroisse, puisque durant ces quinze jours, en une saison plutôt changeante, elle nous obtint une température idéale, sans pluie, sans froid, sans aucun contretemps ni accident. Pouvions-nous espérer le succès ? C’était imprudent d’y compter absolument, même après toutes garanties extérieures de travail bien fait, car le sous-sol formé de pierres et de chape en couches successives, était très perméable et ne présentait pas un fond très solide pour le tassement de l’argile, pourtant bien battu. Aussi l’attente fiévreuse déliait-elle les langues et pour la critique et pour les félicitations.
Personnellement, j’avais confiance en un résultat favorable et c’est très sincèrement que le lendemain, dimanche 19 novembre, je dis du haut de la chaire, à mes paroissiens que j’attendais pour le mardi 21 novembre, jour de la Présentation de la Ste Vierge, le miracle du jaillissement de l’eau de la fontaine de la Corbelière. Et de fait, cette matinée du vingt et un novembre, vers 9H, un mince filet d’eau commença à couler, qui le soir avait doublé son débit et fournit depuis ce jour un rendement abondant et régulier. Deo gratias ! La Vierge avait béni notre travail et souri à tous les bons ouvriers qui avaient dépensé leurs forces et leur temps à son service comme les preux d’autrefois sans autre récompense que la joie de faire plaisir à leur Mère et Patronne.
Une barrière encadrée de deux grilles fixes, fut placée en bas, près de la route, pour remplacer un vieux tourniquet démodé, bes bancs attachés sur pieds en ciment, permettant aux pèlerins de s’y reposer. Une bordure de petits poteaux en ciment délimite la partie réservée aux arbustes et aux fleurs…
Puisse maintenant, La Vierge, voir venir à Elle, de très nombreux pèlerins et déverser sur la Paroisse des grâces de choix.
Moulins, 1 décembre 1938. Th. PELLETIER. Cure de Moulins.
Depuis que Mr l’abbé Moreau a trouvé, dans les circonstances expliquées plus haut, la statue de la Vierge et la source quasi miraculeuse, le coteau de la Corbelière a connu de nombreux visiteurs. Il avait un cachet plutôt broussailleux, irrégulier, bourbeux et un accès malpropre et raide. L’eau de la fontaine ne coulait que pendant la saison d’hiver, après les fortes pluies et l’été on ne pouvait s’en procurer que par une pompe que j ‘avais fait installer en 1932, après que l’eau eut baissée tellement, que l’on crut que la source avait pris une autre direction.
Les gens de bonne mémoire m’ont affirmé, que l’eau avait cessé de couler en surface depuis 1920, excepté pendant l’hiver où la poussée du courant faisait monter la réserve jusqu’au bord de la bâtisse, A cette date, il n’était guère question de la baguette de sourcier, et je n’avais pas encore commencé à vérifier que j’étais sensible à l’émanation des ondes. Cependant je m’inquiétais de la raréfaction de l’eau à la Corbelière et craignais pour l’avenir. C’est alors que l’idée me vint de chercher à utiliser la radiesthésie pour l’étude des courants d’eau au-dessus de la fontaine, des fuites autour du dôme, de la profondeur de ces infiltrations, et je conclus très modestement que la souche du gros sapin, planté tout près de la fontaine était une éponge qui s’égouttait en toutes directions et laissait perdre l’eau au lieu de l’amener au réservoir.
Par ailleurs, je constatai aussi avec le pendule qu’un courant secondaire se perdait sous le sapin de droite et d’où il ressortait qu’il y avait possibilité de remédier à cet état de chose désastreux, et d’emmagasiner trois courants pour alimenter la fontaine. J’avais aussi le désir d’aplanir le coteau, de défricher l’entourage, d’assécher le sous-sol, d’empierrer le chemin et d’en rendre la pente plus douce, de mettre près de la route une barrière convenable, bref, d’élargir et embellir ce lieu si fréquenté et si vénéré.
Le moment me semble propice de faire appel à la bonne volonté de tous les ouvriers, dès le début de novembre 1938 parce que les semailles étaient finies et le travail peu pressé, mais surtout parce que notre population chrétienne avait un devoir de reconnaissance envers la Vierge pour la préservation de la guerre imminente en septembre dernier. Sans douter, qu’un grand nombre d’hommes se feraient un plaisir d’offrir à la Vierge de la Corbelière une ou deux journées de travail, après les nombreuses prières et la manifestation splendide d’action de grâces de septembre, je ne pensais pas qu’il y aurait un tel enthousiasme de tous nos braves gens pour effectuer gratuitement une besogne très dure pendant quinze jours de suite.
Après un avis donné du haut de la chaire, j’organisai les équipes de 10 à 15 ouvriers par jour, en confiai la surveillance à Mr Constant Albert, fermier à la Braudière, ancien fermier de la Chaponnière, qui donna son temps, prêta son cheval et fut un très compétent contremaître pendant toute la quinzaine avec un absolu dévouement. On se mit d’abord à nettoyer, élargir les abords de la fontaine et du piédestal, on agrandit l’esplanade avec tous les matériaux de défrichement, on aplanit le monticule en faisant sauter au pic, à la barre, au burin les rochers qui rendaient si abrupte la montée et faisaient de l’entourage immédiat de la fontaine comme une espèce de cuvette. On transporta une grande partie des déchets, blocs, cailloux, terre dans l’allée d’entrée grâce à un système de traîneau, et l’épaisseur de l’empierrement atteignant à certains endroits soixante centimètres montre quel travail de géant nos ouvriers ont fourni, d’un cœur toujours content, sans relâche, sans rémunération, n’acceptant que quelques verres de vin et cigarettes.
Il fallut toute une semaine pour cette partie du projet, et si ce fut la plus dure, ce n’était pas la plus délicate et la plus risquée. Le point le plus inquiétant était de remédier aux fuites nombreuses de la source et de retenir en une même réserve l’eau dont on voulait l’écoulement au-dehors, avec une pression suffisante calculée d’après la profondeur du courant qui est à lm 30. Il fallut d’abord abattre le gros sapin qui avait toujours été par ses grosses et longues rames un obstacle à notre travail que nous voulions efficace. Puis une tranchée formant collier fut creusée à un mètre cinquante de profondeur sur Om 60 ou Om 50 de largeur, en demi-cercle de dix mètres de longueur dont chaque extrémité remontait plus haut que la fontaine, pour obliger l’eau à se tasser dans la cuve du réservoir.
En cette semaine du 13 au 18 novembre, après le travail colossal offert par les équipes de 15 à 20 ouvriers se relayant chaque jour pendant la semaine précédente, j’avais demandé un effort de générosité à tous les volontaires s’étant déjà dépensés et aux chômeurs. J’étais inquiet et ne voulais cependant pas laisser inachevée notre entreprise que des bonnes femmes taxaient d’imprudente et de frondeuse en face de la Vierge de la Corbelière, qui, disaient-elles aimaient l’ancienneté, la rusticité (pourquoi pas la malpropreté) de son site.
J’avais tort de douter des Moulinais, car pendant six jours encore il y eut un tel empressement que je fus presque obligé de les calmer. Pendant que les uns creusaient la tranchée, d’autres vidaient la fontaine et d’autres allaient extraire et transporter la terre glaise dont nous avions besoin, si bien qu’en peu de temps le pilonnage de quarante charretées de terre glaise s’opéra méthodiquement, minutieusement, de telle sorte que dès le samedi tous les terrassements étaient terminés, les canalisations prêtes, le recrépissage fini et qu’on faisait des vœux pour la réussite de l’entreprise.
La Vierge d’ailleurs, avait manifesté son approbation, sa protection d’une façon très visible qui avait impressionné toute la paroisse, puisque durant ces quinze jours, en une saison plutôt changeante, elle nous obtint une température idéale, sans pluie, sans froid, sans aucun contretemps ni accident. Pouvions-nous espérer le succès ? C’était imprudent d’y compter absolument, même après toutes garanties extérieures de travail bien fait, car le sous-sol formé de pierres et de chape en couches successives, était très perméable et ne présentait pas un fond très solide pour le tassement de l’argile, pourtant bien battu. Aussi l’attente fiévreuse déliait-elle les langues et pour la critique et pour les félicitations.
Personnellement, j’avais confiance en un résultat favorable et c’est très sincèrement que le lendemain, dimanche 19 novembre, je dis du haut de la chaire, à mes paroissiens que j’attendais pour le mardi 21 novembre, jour de la Présentation de la Ste Vierge, le miracle du jaillissement de l’eau de la fontaine de la Corbelière. Et de fait, cette matinée du vingt et un novembre, vers 9H, un mince filet d’eau commença à couler, qui le soir avait doublé son débit et fournit depuis ce jour un rendement abondant et régulier. Deo gratias ! La Vierge avait béni notre travail et souri à tous les bons ouvriers qui avaient dépensé leurs forces et leur temps à son service comme les preux d’autrefois sans autre récompense que la joie de faire plaisir à leur Mère et Patronne.
Une barrière encadrée de deux grilles fixes, fut placée en bas, près de la route, pour remplacer un vieux tourniquet démodé, bes bancs attachés sur pieds en ciment, permettant aux pèlerins de s’y reposer. Une bordure de petits poteaux en ciment délimite la partie réservée aux arbustes et aux fleurs…
Puisse maintenant, La Vierge, voir venir à Elle, de très nombreux pèlerins et déverser sur la Paroisse des grâces de choix.
Moulins, 1 décembre 1938. Th. PELLETIER. Cure de Moulins.