Augustine Vion

Tout faire à Moulins pour permettre
à la femme de travailler

Naissance d’Alexandrine Augustine

A La Petite-Boissière, Pierre Alexandre Vion vit avec sa deuxième femme Élisa Victorine Marolleau et son fils Pierre, né en 1879 d’un premier mariage avec Philomène Hérault
Le samedi 11 avril 1885, c’est la naissance d’Alexandrine Augustine. Tout le monde l’appellera Augustine, voire « Gustine ». L’utilisation du 2ème prénom est très courante à cette époque.
Son acte de naissance:

Acte naissance

Puis la famille,habitant à Combrand, s’agrandira de trois autres enfants : Marie, Victor et Marguerite Euphrosine

Arrivée à Moulins

Après le décès de Pierre Vion, sa veuve et deux de ses enfants, Augustine et Victor, viennent s’installer à Moulins (2 rue de la Verdelière). Là, avec sa mère, Gustine tient une mercerie et exerce le métier de couturière.
Le 17 novembre 1919, Marguerite Vion, la plus jeune de ses sœurs, épouse à Moulins Eugène Loiseau de la Croix-Fondière, deux enfants naissent de ce mariage: Eugène et Albert.
Après voir fait des études de sage-femme à Paris, Marguerite et Eugène s’installent à Angers avec Albert qui décèdera à 14 ans. Eugène l’ainé avait été confié aux soins de sa tante Gustine qui assurera son éducation.
Pierre, le frère ainé de Gustine, vient s’installer à Moulins avec sa femme, Marie Brémaud et ses filles, Marie et Berthe, ils exploitent la borderie située à l’actuel 26 rue de Pyrome. Marie, sa sœur cadette, après avoir fait des études d’infirmière, exerce à Angers. Quant à Victor, son jeune frère, il vit à Cholet jusqu’à sa mort en 1953.
La mère de Gustine, Élisa, s’éteint à Moulins le 20 mai 1935.Elle était née 80 ans plus tôt à Noirterre (79)

2 Rue de la Verdelière – Début XXème siècle

Du travail pour les femmes à Moulins

Rue des Meuniers – Milieu 20ème siècle

Dans les années 30, Gustine s’installe au 45 rue des Meuniers, avec sa mère pour continuer leur commerce.
Le manque d’activité pour les femmes désole Gustine
En 1932, à l’age de 47 ans, elle entre en action. Seule, elle décide de leur trouver du travail
Elle crée un atelier de tricot mécanique pour réaliser des chaussettes et des bas de laine. Elle travaille pour une maison de Cholet, peut-être la maison Courant/Veillon. Cette première tentative est un échec. Après le décès de sa mère, elle refait une nouvelle tentative.
En 1936, Mr Georges Delaunay (père), industriel de Cholet, lui propose la création d’un atelier pour la confection de vêtements de travail en velours. Elle installe les premières machines à coudre, fournies par l’entrepreneur, à l’école des soeurs, là ou était la garderie des enfants.
La demande étant plus en plus importante, la confection n’est plus faite dans de bonnes conditions. Il faut trouver un local plus grand

Les commandes fleurissent

Gustine installe son atelier dans une maison au fond d’une cour dont l’accès se faisait sous le porche près du 43 rue des Meuniers.
En 1939, toujours dans le même local, travaillant pour la maison Delaunay, Gustine est sollicitée par Mr Aubert (père), entrepreneur choletais en confection, pour installer d’autres machines, afin de réaliser des chemises, robes, etc.
En 1940, suite à quelques différents, Mr Aubert insiste auprès d’Augustine pour séparer les deux ateliers.
La maison Delaunay reste sur place sous la responsabilité d’Yvonne Hérault
C’est à partir de cette période, sous la responsabilité de Gustine, que la maison Aubert prend un essor, au 47 rue des Meuniers. en confectionnant des chemises pour l’armée
L’objectif est atteint.
Pendant les heures sombres de la guerre, Gustine travaille à façon pour d’autres employeurs. Entre autre, les ouvrières confectionnent des sous-vêtements. C… se souvient d’avoir essayer des petites culottes avant son départ pour l’école !

Ouvrières

Ouvrières – 1

Ouvrières

Ouvrières – 2

Augustine Vion, 1ère femme conseillère

1944, le droit de vote pour les femmes(1) vient d’être promulgué. De ce fait, à 60 ans, Augustine est élue conseillère municipale sans se présenter et y assurera la durée de 3 mandats.
A l’occasion de son élection, le 1er couplet de la chanson de la Victoire composée sur l’air de « La Madelon » lui est dédié

Augustine Vion
Nous adressons nos compliments très sincères
A Mademoissell’ Vion… ici près de nous,
Moulins l’a choisie pour être conseillère
En ce beau jour, nous la félicitons tous
Nous ne craignons pas le médire
En dévoilant ses qualités.
Oui, nous pouvons fort bien le dire,
Nous ne saurions trop la vanter.
C’est pourquoi tous en Choeur
Nous formons de tout coeur
Avec beaucoup d’ardeur
des voeux de bonheur!.

Le grand regret de notre conseillère municipale est de n’avoir jamais pu célébrer de mariage

Modernisation industrielle à Moulins

Les usines de confection

En 1947, devant l’affluence des commandes pour l’armée, Mr Aubert et son fils Maurice, décident la construction d’une usine moderne. Des démarches sont entreprises pour trouver le terrain où sera édifié cet ensemble qui sera la fierté de Moulins
L’usine est construite un an plus tard, Gustine âgée de 63 ans fait installer les machines. Les ouvrières continuent la confection des chemises pour l’armée. Dans ses appartements, Gustine installe un dortoir pour les ouvrières qui ne peuvent rentrer chez elles chaque soir.

La faillite, mais Augustine ne se décourage pas

Le 8 juillet 1949, un violent incendie, provoqué par un court-circuit, ravage l’ancien atelier Aubert transformé depuis peu en magasin. Les bâtiments qui servaient de dortoir et de réfectoire, les appartements de Gustine et le stock de marchandises sont détruits (voir article journal)
En 1954, suite à une faillite retentissante sur la région, l’usine Aubert ferme ses portes.
Augustine ne se décourage pas, rien ne semble arrêté ce personnage au caractère bien trempé. Elle relance à 69 ans, des ateliers de confection diverse qui deviendront plus tard le travail à domicile, entre autre les piqûres d’ourlets sur les mouchoirs.Elle en passe la responsabilité à Marcelle Guillon.
Toujours active, Gustine décide de créer « l’aide au Clergé ». Elle confectionne d’abord des soutanes puis des costumes d’ecclésiastiques et des habits sacerdotaux. Puis ce seront des aubes de communiants.
Sa petite entreprise a rayonné sur les diocèses de Poitiers, Luçon et Angers

Une maison pour les personnes âgées

En 1968, âgée de 83 ans, les idées de Gustine foisonnent toujours. Elle entreprend de faire acheter l’ancienne épicerie de Guiguite Bouju, au 49 rue de Meuniers, par Germaine Thierry, et y aménager des appartements pour des personnes âgées seules. Plusieurs personnes vont profiter de ceux-ci sous la responsabilité de Mlle Germaine, aidée par Eugénie Boury.
Puis dans un but humanitaire, Gustine occupera nos grand-mère à tricoter des petits carrés de laine qui assemblés formeront des couverture « patchwork » que les enfants tchadiens utiliseront pour les nuits fraiches.

15 novembre 1970, sa disparition

Gustine nous quitte le 15 novembre 1970 à midi
Un moulinais dira le matin de la sépulture  » La France a perdu De Gaulle, Moulins a perdu son petit De Gaulle. »(2).
Le R. P. Aloys dira d’elle avec humour : « Il y a toujours quelque chose entrain de bouillir dans la marmite! ».
Sa vie est un appel a tous ceux qui trouvent du temps pour se dévouer, et à tous ceux qui resteront avide d’amour fraternel et d’engagement.
En reconnaissance pour toutes les actions qu’elle a menées à Moulins, la salle municipale est baptisée: « Espace Augustine Vion ».

24 avril 2004, baptême de la salle inaugurée en 2003: « Espace Augustine Vion » . En précense de Gilles Bouju, président de PPF, d’Annie Robineau conseillère municipale, de Claude Ménard maire délégué de Moulins et de Benjamin Bazin et de Maria Soulard, à l’époque, doyen et doyenne de Moulins, aujourd’hui décédés

(1)- Le 21 avril 1944 droit de vote accordé aux femmes. Retour des élections au suffrage universel pour l’ensemble de la population après la seconde Guerre Mondiale. Le droit de vote est aussi alors accordé aux colonies françaises lors de la conférence de Brazzaville où sont réunis le Général de Gaulle et les gouverneurs des colonies. La France combattante à Alger accorde le droit de vote aux femmes, près d’un siècle après l’adoption du suffrage universel masculin. Elle est l’un des derniers pays d’Europe à avoir accordé le droit de vote et d’éligibilité aux femmes, juste avant l’Italie, la Belgique, la Grèce et la Suisse. Les femmes useront de ce droit pour la première fois aux élections municipales du 29 avril 1945 (ref:wikipedia). retour
(2) – Le général De Gaulle, ancien président de la République, est décèdé le 9 novembre 1970. retour
 
Cette page a été rédigée à partir du petit livret édité par l’association Passé-Présent-Futur à l’occasion du baptême de l’ESPACE AUGUSTINE VION, salle communale de Moulins.

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